dimanche 16 avril 2017

Je reviens de loin.


Ça a commencé un peu avant mes quarante ans. Une impression diffuses de malaise qui m'assaillait quelquefois, durant une mission chez un client dans l'aéronautique. Pourtant j'étais encore optimiste pour mon avenir professionnel, bien que j'éprouvais de plus en plus de difficulté à écrire.

Neuf mois plus tard, ma mission s'est terminée. Retour en interne dans ma société, au sein d'un département où c'était le bordel. Tous les collègues avec lesquels je souhaitais travailler avaient démissionné, et l'ambiance n'était pas au top. J'ai hésité à rester dans ce département.

Le boulot était trop dur, et on m'en donnait trop. Chaque matin, j'anticipais les problèmes de la journée, et j'avais l'impression d'aller au front, dans une série ininterrompue d'explosion de problème.

Premier burnout. Voyant que je n'y arrivais pas, mon N+1 a décidé de me faire retourner dans une mission chez un client.

Pendant un temps, ça s'est bien passé. Puis, lentement, on me donnait plus de travail et de responsabilité. Au point que je ne savais plus gérer la charge.

Mes crises d'angoisses se sont multipliées et amplifiées. J'en subissais désormais tous les jours.

Séance de psy. Elle m'a donné des médicaments contre les crises d'angoisses, mais ce n'était pas efficace. Celles-ci ne disparaît pas, et au contraire avaient tendance à être plus dures.

J'en étais arrivé au point de vomir le matin.
Arrêt maladie, initialement de deux semaines, mais au final je ne retournerais pas chez le client.

Je suis allé mieux pendant un moment, mais l'angoisse des coups de téléphone ou des catastrophes qui pouvaient arriver chez le client étaient toujours présentes. Même le Xanax n'était plus efficace.

Mes angoisses me paralysaient et m'empêchaient de penser. Elles étaient si prégnantes, si constantes, que j'en arrivais à songer à une solution définitive.

Cela a duré trois mois. Trois mois a me réveiller à cause de l'angoisse, trois mois où j'ai eu l'impression d'être bloqué, d'être dans une prison mentale, où le seul soulagement arrivait lorsque la nuit tombait, parce que pendant cette dernière personne ne me téléphonerait et je n'aurais plus à anticiper la moindre catastrophe chez le client.

Et le jour où j'ai appris que j'allais être licenciés, mes angoisses ont pratiquement disparues. Même en sachant que c'était un licenciement pour faute simple : des manquements consécutifs à la charge de travail et à mon incapacité à prioriser mes tâches.

Aujourd'hui je me remets à refaire des projets sur le long terme, comme la rédaction de ce blog, ou des activités dans le milieu associatif.

Avec le recul je me rends compte à quel point j'étais mal en point.

J'étais incapable de prendre une décision. Même sortir prendre l'air était au-dessus de mes forces.

Je pense aux conseils de pensée positive dont j'étais un grand lecteur, aux livres de motivation comme S'organiser pour réussir. Pour utiliser ces techniques il faut en premier lieu être bien dans sa tête : c'est impossible lorsqu'on est en dépression ou en burn-out.

N'écoutant pas mes émotions, j'ai toujours eu des réticence à demander de l'aide. Mais durant cette période, c'était impossible. Je ne trouvais pas de solution à mes problèmes. Mes amis m'ont été de grands secours, ainsi que mes psys, quoique je soupçonne l'un de mes médicaments d'avoir amplifié mes crises d'angoisses plutôt que de les diminuer.

J'ai entamé ce préavis en descendant chez des amis; en un week-end, j'ai fait plus d'activités qu'au cours de ces deux ans de cauchemar. J'ai constaté, presque surpris, que je pouvais vivre sans mon Armure, mon Système d'Alarme et mes Armes. Que cet état anxieux constant n'était pas une fatalité.

Un état que je ne souhaiterais pas à mon pire ennemi.

Vivement que je sois véritablement sans emploi. Je pourrais enfin commencer à bosser vraiment.

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