lundi 2 mars 2015

Rencontre avec le Mouvement Français pour un Revenu de Base : un compte-rendu.

Le Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB) a organisé son assemblée générale annuelle le 28 février à la mairie du 2ème à Paris. Ses organisateurs cherchaient un lieu pour se retrouver le samedi soir pour poursuivre  les échanges de manières plus informelle, et ils ont décidés de le faire à La Paillasse. Etant un habitué des lieux, et intéressé par le revenu de base, j'ai profité de cette occasion pour aller à leur rencontre...

Samedi soir, à La Paillasse avec @inner_force (C.) et certains de ses contacts, pour y rencontrer des membres du Mouvement Français pour un Revenu de Base, avec notamment Stanislas Jourdan et Etienne Hayem.

Comme nous étions en avance, nous avons bu un café dans un bar en attendant un de ses potes, M.. Nous avons discutés des Indignés de La Défense, au cours de l'hiver 2011 / 2012. Nous en avions fais tout deux partis.

Nous avons convenu que la grande erreur a certainement été d'avoir décidé d'occuper La Défense, et non le Parvis de l'Hotêl de Ville de Paris. A la Défense, nous devions nous défendre nos seulement contre les flics, mais aussi contre les conditions climatiques qui ne permettaient pas d'être sereins, le vent, les ego de certains, les dissensions politiques. Surtout, les AG devenaient plus des foires d'empoignes, des luttes d’ego, avec des objections radicales venant de personnes n'acceptant pas de faire des compromis sur leurs convictions politiciennes.

Oui, avec le recul, ce mouvement avait bien peu de chance d'être un succès dans de telles circonstances. Cependant lorsque j'y étais, nous avions montés un groupe de travail avec d'autres personnes, que je fréquente toujours. Il est d'ailleurs instructifs de voir leur parcours : certains se sont mis aux jardins partagés, aux AMAPS, à la Guerrilla Gardening, allant jusqu'à devenir membre d'EELV, un autre s'est orienté vers Etienne Chouard et ses expérimentation sur la constitution citoyenne, l'une est partie sur les routes à bord d'un camion, un dernier s'est s'est intéressé plus spécifiquement aux monnaies.

C., quant à lui, avait essayé de continuer dans un squat après la fin du camp de La Défense. Problème au bout d'une semaine, deux types commençaient à laisser traîner dans l'air qu'il fallait un chef. Et toujours cette question d'égo. D'autant plus qu'ils allaient carrément jusqu'à la paranoïa : le squat était situé dans un ancien bar, la porte était couverte selon l'un d'impact de balle, il leur fallait donc s'armer de machette voire d'armes à feu. Après cela, C. n'est pas resté très longtemps.

Arrivé à La Paillasse, à l'heure, il n'y avait encore personne.

Assemblée virtuelle


Finalement, nous nous sommes posés à l'intérieur, continuant à discuter debout à côté de deux femmes assises en train de manger. C. a proposé de s’asseoir autour d'une table, une des femmes nous a dis que nous pouvions nous asseoires avec elles, parce que la discussion les intéressaient aussi. Parmi les contacts de C., il y avait un membre d'Assemblée Virtuelle et des Chemins de La Transition (T.), qui m'a expliqué le projet sur lequel il travaille : un logiciel de web sémantique, capable de retrouver des informations et de les corréler.

Cela fait écho avec mes propres réflexions sur la gestion documentaire, que j'avais entamé à l'époque des Indignés, lorsque je m'étais rendu compte que des informations ayant traits à l'organisation avaient déjà été écrites dans le vaste internet, mais qu'il était difficile de les retrouver facilement. A cette époque, nous en étions arrivé à la conclusion qu'il fallait créer une bibliothèque (physique), avec des gens à l'accueil, sachant retrouver les informations. Aujourd'hui, avec internet, il est de plus en plus facile de conserver les informations : on n'a que l'embarras du choix des outils, entre les wiki, les plateformes de travail collaboratives, les framapads, sans même parler des réseaux sociaux comme Facebook où il est facile de créer des pages pour des groupes de travail. On peut produire l'information et la partager sans difficultés... mais comment l'indexer et la retrouver ?...

Dans les années 90, Michel Authier et Pierre Lévy avait proposé l'idée des Arbres de la connaissance (https://fr.wikipedia.org/wiki/Arbre_de_connaissances), qui était une représentation de la connaissance au sein d'un groupe comme une entreprise ou une association. Surtout, les postulats sur lesquels ils avaient bâtis leur théories me paraissaient très pertinents :

- Tout le monde sait quelque chose,
- Personne ne sait tout,
- Je ne sais pas mais l'autre sait.

Le modèle des arbres de la connaissance donnait à chaque intervenant des "blasons", représentant l'ensemble de ses connaissances composées de "brevets" validées par des "diplômes" (sachant que chacun pouvait créer ces brevets rattaché à une connaissance qu'il possédait, par exemple une recette de cuisine, validé par la capacité à l'exécuter), une hiérarchie entre les connaissances (un brevet peut être nécessaire pour en acquérir un autre).

Le programme développé par T. au sein de l'Assemblée virtuelle me faisait grandement penser à cela.

Un peu plus tard, M. nous a parlé du film qu'elle voulait faire, un documentaire fiction sur son histoire personnelle, initiatique. Ce qu'elle souhaite faire est de parcourir une région avec un cheval, à la rencontre des lieux alternatifs.

Le Cocon de la Paillasse


Pendant ce temps, les membres du Mouvement Français pour un Revenu de Base ont commencé à arriver. Nous nous sommes levés pour faire le tour du propriétaire et voir les différents ateliers au sous-sols. J'ai présenté le Textile-Lab, les différents projets, et après nous être perdus dans ce petit labyrinthe nous avons trouvé le Cocon. Je n'avais que très vaguement suivi cette innovation dans la newsletter de La Paillasse : l'installation d'un caisson d'isolation sensoriel. Justement, Alexandre, qui l'avait développé, travaillait dessus. C'était une pièce immense. Il nous expliqua que pour fabriquer le moule du cocon, il avait fallu produire des centaine de pièce de plastique avec une imprimante 3D, les assemblées comme un igloo, créer le moule, puis créer le cocon dessus en fibre de verre. Ce procédé, très long, avait pourtant rendu le projet viable : s'ils étaient passés par des entreprises professionnelles, cela aurait coûté 65 000 euros plus cher, ce qui n'était pas envisageable.

Pensant à l'électro-sensibilité, j'ai demandé si le cocon était isolé des ondes ambiantes. Alexandre m'a répondu que oui, principalement parce que l'un des buts est de travailler avec le CogLab, et donc, d'installer des capteurs genre électrocardiogramme ou EEG pour prendre des mesures pendant les séances, sans être parasité par le bruits électronique alentours.

En bref, si vous voulez vous isoler du monde extérieur pendant une heure, y compris des ondes électromagnétiques, il vous sera bientôt possible de le faire à La Paillasse.

Un jeu sur la monnaie n'est pas forcément un jeu d'argent


Une fois de retour, nous avons parlés du bitcoin et de la monnaie, dont les SEL. Beaucoup de choses pourraient être expérimentées, comme par exemple une "économie du like". De toute façon, on est sur le point de passer à une société où la réputation aura plus d'importance que le capital. Ce qui est paradoxal avec les SEL, c'est que la plupart du temps, les gens n'utilisent plus les billets en question, et se contentent de se faire confiance. Cela recréer donc du lien social.

T. a émis l'idée de produire un jeu de plateau pour illustrer ces concepts.

La plupart des jeux de plateaux sont centrés sur la compétition et non la collaboration, l'emblématique jeu d'argent du Monopoly en premier. D'un autre côté comme le montre Jane Mac Gonigal, le jeu peut être la source de beaucoup d'apprentissage et de changements.

Cependant des jeux orienté collaboration plus que compétitions existent, comme par exemple L'île interdite (http://fred-h.net/blog/2010/10/25/lile-interdite/), voire http://www.jeuxdenim.be/jeu-Room25.

L'idée serait un jeu sur la création de monnaie. Le but "secondaire" du jeu est qu'à un moment, on se rends compte qu'il n'y a plus besoin d'utiliser les monnaies pour les transactions.

Il y a des réflexions sur les jeux au FabLab de Gennevilliers. Dans le domaine des fablabs, justement, nous avons également parlés d'OpenDesk, une plateforme fournissant des plans de meubles de bureaux à découper soi-même à la découpeuse laser.

Le Mouvement Français pour un Revenu de Base


Nous nous sommes dirigés vers les membres du Mouvement Français pour un Revenu de Base. J'ai demandé à l'une des participante comment elle faisait pour répondre aux détracteurs du revenu de base, qui considèrent que tout travail mérite salaire, et ce genre d'objection.

"Quand on me dit "Tout travail mérite salaire", généralement je réponds "oui, et tu enfanteras dans la douleur".", me répondit-elle.

Effectivement : "tu gagneras ton pain à la sueur de ton front" et "tu enfanteras dans la douleur" sont des expressions ayant la même origine...

Mais quelles sont les objections qui viennent en premier lorsqu'on parle du revenu de base aux gens ? D'abord, "tout le monde s'arrêtera de travailler", ensuite, "comment le financera-t-on ?", et enfin, lorsque les gens y réfléchissent plus, que ça augmenterait l'inflation.

Ensuite, j'ai discuté avec Stanislas Jourdan, fort de toute ma méconnaissance au sujet du revenu de base. Ce que j'en avais lu du principe, c'était qu'on enlève toutes les aides sociales, pour les remplacer par un revenue de base que tous les citoyens percevrait. Les chiffres que j'avais lu allaient la plupart du temps de 400 à 800 euros, cela me paraissait vraiment trop peu pour vivre décemment à moins d'avoir au moins un mi-temps à côté.

Cependant la proposition concrète du MFRB est un peu différente : il est évident qu'avec 500 euros, il y aura encore des aides comme les APL.

Du point de vue de l'évolution, il sent qu'il est de plus en plus facile de parler du revenu de base. C'était 10 personnes sur Twitter il y a 2 ans, alors qu'aujourd'hui le mouvement touche presque 5000 abonnés sur Twitter, 17 000 likes sur Facebook, et 400 adhérant dans l'association.

De plus, des partis politiques sont intéressés par ces idées, comme Nouvelle Donne ou EELV. Bien que la plupart des membres soient de sensibilités plutôt à gauche, il compte également des personnes à droite pour qui l'idée du revenu de base est un prolongement de la charité chrétienne, voire des libéraux, qui voient les avantages que pourraient tirer les entreprises d'une plus grande flexibilité au travail.

Aujourd'hui le MFRB travaille à l'échéance des élections présidentielle de 2017. Si les partis politiques sont bien au courant de ses idées, et peuvent même être à l'écoute, il reste un gros travail à faire avec la société civile. En effet le sujet du revenu de base est tellement clivant que la plupart des sommets des organisations structurés hiérarchiquement ne veulent pas se mouiller.

J'étais au courant de l'expérience réalisé à Namibi, où un revenu de base a été distribué pendant deux ans, avec pour conséquence une baisse de la criminalité et du chômage, une augmentation de la scolarité et des revenus. Mais le revenu de base a-t-il déjà été expérimenté dans des pays industrialisés ? Ca a été le cas au Canada, aux USA et en Alaska. Dans ce dernier cas, l'état reverse aux citoyen le capital d'un fond souverain basé sur les bénéfice de l'exploitation pétrolière. Cette idée me fait bondir à cause de ma méfiance quant à l'utilisation du pétrole ; cependant il a été noté que l'argent reversé aux citoyens les ont incités à s'intéresser à son origine, et à s'impliquer politique pour se l'approprier.

Résolument tourné vers l'avenir. "Peut-être que dans 200 ans, on envisagerait de remplacer le revenu de base par quelque chose d'encore plus novateur, et alors des vieux réactionnaires ne serait pas d'accord".

En conclusion, le revenu de base n'est plus utopie irréalisable, puisqu'il a déjà été expérimenté avec succès. Les questions à se poser sont désormais de savoir quelles seront les modalités de sa mise en place. Et puisque cette idée fait son chemin, une application concrète de celle-ci est tout à fait possible durant la prochaine présidence, entre 2017 et 2022.

Fin de la soirée.


La soirée touchait à son terme ; nous avons rangés, et nous sommes partis. Pendant le trajet avec C. et M., nous avons encore discuté de l'avenir, du foisonnement d'idées que nous observons dans le milieu associatif que nous parcourons. Nous sommes tous tous cependant conscient qu'avec la déplétion du pétrole et la crise, l'avenir risque d'être difficile. Surtout, j'ai peur d'une main-mise de l'extrême-droite, voire de l'ultra-droite sur les idées que nous développons : des fafs du genre survivaliste s'intéressent déjà à la permaculture, ou tentent de monter une sorte "d'écologie identaire". Iraient-ils jusqu'à être capable de récupérer les principes des hackerspace, ou leur principes fondateurs s'y opposeront-ils structurellement ?

Références


Les arbres de la connaissances : https://fr.wikipedia.org/wiki/Arbre_de_connaissances

Descriptif assez complet du principe : http://gabriel.gallezot.free.fr/Solaris/d01/1levy.html

Le cocon d'isolation sensorielle à La Paillasse : www.meiso.fr

Jane Mac Gonigal : "Le jeu peut rendre le monde meilleur ?" https://www.ted.com/talks/jane_mcgonigal_gaming_can_make_a_better_world?language=fr

L'île interdite, jeu collaboratif : http://fred-h.net/blog/2010/10/25/lile-interdite/

Fablab de Gennevillier : http://www.faclab.org/


Mouvement Français pour un Revenu de Base : http://revenudebase.info/



dimanche 22 février 2015

Présentation d'Open Ecologie France à La Paillasse






Le 19 février a eu lieu à La Paillasse une présentation de Open Source Ecologie France, une association inspirée d'Open Source Ecology, fondé par Marcin Jakubowski en 2003.

Marcin est un exploitant agricole, qui a eu des pannes multiples avec le matériel onéreux qu'il utilisait dans son exploitation. Ancien ingénieur, il s'est alors décidé de les concevoir lui-même, afin de les fabriquer et de pouvoir les maintenir à faible coût. Il a aussi décidé d'en diffuser librement les plans.

Prolongeant cette démarche, il s'est demandé quelles étaient les machines industrielles nécessaires à un village de deux-cents personnes pour être le plus autonome possible tout en bénéficiant de tout le confort moderne. Le Global Village Construction Set était né.

Parmi ces cinquante machines, on trouve des échangeurs de chaleur, des pelles mécaniques, des filières ou des four à pain.

Certaines de ces machines, comme les imprimantes 3D ou la presse à brique ont déjà été réalisées et sont bien documentées, tandis que d'autres, comme le four à induction, sont encore au stade du projet.

Quoi qu'il en soit, les machines déjà réalisées, basées sur l'open-source hardware, sont en moyenne huit fois moins chères que leur équivalent du commerce.

S'inspirant de cette démarche, Open Source Ecologie France a été fondée en octobre 2014.  Alors que son pendant américain s'est concentré sur des machines-outils, Open Source Ecologie France se concentre sur la recherche et développement Open Hardware dans le domaine des énergies renouvelables.

De là est né le premier projet : concevoir un concentrateur solaire DIY-friendly, à faible coût, et modulaire.

Dans un premier temps, un démonstrateur de petite taille (4 M² de miroir), d'atteindre une température supérieure à cent degrés est prévu pour septembre 2015, et sera présenté à l'occasion du Tour Alternatiba à Paris.

Puis, un premier prototype sera réalisé pour 2016, défini par ses performances thermiques (5kW de chaleur soit 12 à 15 m² de miroirs).

Pour mener à bien ces projets, Open Source Ecologie utilise des outils issu de la culture open-source : github, les forum et les wiki. Bien sûr, l'AFK n'est pas négligé avec des rencontres régulières, la tenue de workshop, de design sprint et d'open-lab.

A noter aussi que l'association se veut aussi innovante dans son mode de fonctionnement, et c'est pourquoi au lieu d'une organisation classique, elle expérimente d'autres modes de gouvernance, dont la sociocratie.

Références

Open Source Ecology : http://opensourceecology.org/

Open Source Ecologie France : http://www.osefrance.fr/

Présentation du projet Open Source Ecology par Marcin Jakubowski à la conférence TED : http://opensourceecology.org/wiki/TED_Talk

Le Global Village Construction Set : opensourceecology.org/gvcs/

Les spécifications techniques du concentrateur solaire d'OSE France : https://www.mindomo.com/fr/mindmap/concentrateur-solaire-spcifications-techniques-ff288a3ce6aa48ffb909b88cbc1db158

Alternatiba : http://alternatiba.eu/

La sociocratie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sociocratie


jeudi 19 février 2015

Le #DPFest à @Lapaillasse



Mardi 27 janvier ont eu lieu dans le cadre du festival du domaine publique une série de conférences à la Paillasse, espace de biohacking (mais pas que) en plein coeur de Paris.

Comme le lieu s’y prêtait, le thème de la soirée fût le domaine publique et le vivant.

Le premier intervenant était Jonathan Keller, de la Paillasse. Après nous avoir présenté le lieu, ainsi que le code de l'éthique DYBIO auquel adhère la Paillasse, il a dressé un panoram des différents modes de propriété intellectuelle utilisables dans un lieu alternatif comme celui-ci, et des difficultés y afférant, surtout dans le domaine de la biologie participative. Ainsi, il n'est pas possible d'obliger les participants à faire de l'open-source. La eule solution semble être le lien contractuel, ce qui peut être inadéquat.

L’histoire d’un geste qui sauve



Puis, Thierry Crouzet, écrivain et blogueur, nous a présenté l’histoire de Didier Pittet, epidemiologue, qui à contribué à la diffusion du gel hydroalcoolique.

Ce que j’ai appris : la situation dans les années 80 avec 18 % de maladies nosocomiales dans les hôpitaux n’était pas très éloignée de celle des débuts de la médecine et de la découverte de l’importance de l’hygiène.

De plus, l’histoire des forceps est instructive : pendant plus d’un siècle cet instrument facilitant l’accouchement est resté le monopole d’une famille de médecin réputée alors que sa diffusion aurait pu sauver des milliers de vies.

On pourrait croire que la volonté de mettre dans le domaine publique une invention est un choix contre-économique, mais il n’en est rien comme le montre l’exemple du gel hydroalcoolique. En effet, une fois que la formule a été diffusée, et quand bien même il était possible d’en fabrique soi-même, la demande a explosé de tel sorte que les producteurs en ont vendu plus que lorsque le prix en était onéreux.

Openscope



Luc Jonveaux nous a présenté le projet Echopen : open-source et open-hardware dans le milieu industriel.

Le but de ce projet est de rendre accessibles, ouvertes et collaboratives les technologgies d'imageries médicales par ultrason. Le concept de l'echostéthoscope, c'est une sonde à brancher sur un smartphone pour faire de l'échographie.

Certes, des modèles existent déjà, mais sont hors de prix, et basés sur des technologies non-libres. L'approche d'Echopen, est de reprendre des designs et des principes anciens (et donc dans le domaine publique), à l'aide de technologies et de paradigmes d'aujourd'hui. En effet, les orientations technologiques actuels ne sont pas forcément plus efficaces que celles tombées en désuétudes.

L'une des particularité de cette approche est que paradoxalement, les brevets peuvent être profitables : en effet, la plupart des brevets décrivent l'amélioration d'une invention déjà existante. Cet exercice de reconstruction d'un "graphe de l'innovation", en partant des brevets actuels, permet donc de retrouver des inventions qui peuvent être aujourd'hui dans le domaine publique, et qui sont donc utilisable librement !

Semences et préservation de la biodiversité



Pour finir, Blanche Magarinos-Rey, avocate de Kokopelli, nous a parlé des multiples particularités du régime de la propriété intellectuelle dans le domaine de l'agriculture. En effet, seuls sont autorisé à la semence des variétés inscrites à un Catalogue autorisé. Celui-ci ne comporte que des hybrides infertiles, récemment crées, tandis que les variétés traditionnelles sont illégales. Si l'on transposait ce principe à celui du droit d'auteur, cela voudrait dire que raconter des contes de fées anciens serait illégaux, et que tous les parents devraient à la place raconter Harry Potter à leurs enfants !

Cette situation dans laquelle le bien commun a été pris d'assaut par les industrielles entraîne d'autre conséquence, dont la moindre est la perte de la variabilité génétique des semences autorisées, ce qui réduit la résistance de l'espèce entière.

Références

Le site de La Paillasse : http://lapaillasse.org/

Présentation de la soirée : http://festivaldomainepublic.org/domaine-public-brevets-sante-semences-27-janvier.html




jeudi 8 janvier 2015

Charlie Hebdo - réflexions en vrac

Réveil avec la gueule de bois ce matin après une nuit passé sur Twitter à traquer les premières informations au sujet de l’attentat de Charlie Hebdo.

J’en garde une impression mitigée. Surtout, ce qui me gène, c’est l’unanimité des réactions dans l’émotion.

J’ai toujours l’impression que lorsque c’est évident pour tout le monde, on y a pas assez réfléchit.


Les jours-qu’on-se souvient parce qu’ils sont historique


Je suis incapable de me souvenir de ce que j’ai mangé il y a deux jours, mais je me souviens avec acuité des circonstances durant lesquelles j’ai appris la collision d’un avion de ligne avec une tour du World Trade Center de New-York, le visage de ma collègue lorsqu’elle me l’annonça, ma position dans le bureau, quand bien même tous le reste de mes souvenirs de l’année 2001 s’est affaidi pour se transformer en un brouillard bienvenu vu les crises que je traversais à cette époque.

Il paraît que nous avons une mémoire spéciales pour les événements historique. N’est-ce pas étrange, une zone de la mémoire réservée à, tout au plus, une quinzaine d’évènement de cette amplitude dont peut témoigner une vie humaine ?

Ce sont des souvenirs qui s’imposent à nous, quand bien même l’événement historique vous concerne aussi peu que la victoire de la France aux Championnat du Monde de Football en 1998 (ce soir-là, je n’ai pas regardé le match, mais un film d’Almodovar sur Arte).

Il faut donc croire que la journée d’hier, avec la configuration du bureau anonyme dans laquelle j’ai appris la nouvelle de la fusillade, et le visage de mes collègues que je quitterais sans doute avant la fin de cette année pour ne jamais les revoir, va s’obstiner à vivre en moi par la grâce de cet événement.


Charlie hebdo : un journal qu’il était bien (au siècle dernier).


Une fois ma première paie acquise, Charlie Hebdo a été le premier journal que j’achetais régulièrement.

Charlie Hebdo, ce n’étaient pas seulement des caricatures et des unes caustiques, mais aussi des articles, sur l’écologie (ils parlaient même de décroissance à une époque où c’était un gros mot), les critiques littéraires de Michel Polac ou les chroniques économique de Bernard Maris, disparu hier.

Pourtant, longtemps avant l’affaire des caricatures de Mohamet, j’avais cessé de le lire : en effet j’avais constaté le virage atlantiste amorcé par Philippe Val, avec notamment ses prises de position en faveur de la deuxième guerre d’Irak - pour ne rien dire certains de ses éditoriaux, sidérant de ce que je ne pouvais pas considérer comme autre chose que de la mauvaise foi sur certains événements du Moyen-Orient.

Quant aux caricatures de Mohamet, je ne conteste pas la sincérité de leur engagement, mais je n’ai jamais pu me départir de l’impression qu’ils ont été instrumentalisé.


Un onze septembre à la française ?


Aujourd’hui, tous le monde déclare être Charlie, comme après le 11 septembre 2001 nous étions tous américains. Si cette analogie est pertinente, nous pouvons craindre le pire, lorsqu’on voit ce que sont devenus les Etats-Unis par la suite, et par extension le monde.

J’oses espérer que tous ceux qui défileront pour la liberté d’expression sauront s’en souvenir lorsqu’on nous présentera des projets de loi genre Patriot Act.

mercredi 7 janvier 2015

2014 : une rétrospective personnelle (deuxième partie)

Suite de cette rétrospective de l'année 2014.

Je me propose de faire un compte-rendu de mes découvertes et de mes évolutions personnelles durant celle-ci.

Je la diviserais en trois parties :

1 / Du journal intime à la tweet-story

2/ Des Indignés de la Défense aux Hackerspace

3/ Des investissements atypiques au Bitcoin


Des indignés de la Défense aux Hackerspace


Je poursuis cette rétrospective personnelle de l’année 2014 en me concentrant sur son aspect associatif, qui à été assez riche.

Petit retour en arrière pour commencer, en 2012 plus précisément, durant le mandat Sarkozy. J’avais été intéressé par le mouvement des Indignés à cause de sa volonté de changer les choses, et aussi pour ses principes d’organisation où les décisions se prenaient collectivement après un consensus et non un vote, au cours d’Assemblée Générale. Surtout, ce mouvement me paraissait la version IRL du principe des Anonymous (tout le monde peut en faire partie, il n’y a pas de centre, l’organisation été massivement décentralisée).

Les intentions étaient louables, mais les conditions étaient difficiles, entre les flics ne cessant de nous harceler sur le parvis de la Défense avec une violence rare (une participante, modérée devenue plus tard une amie, se souvient encore du coup de matraque républicaine qui aurait ou mettre un terme à cette modération si elle avait été plus impulsive), et le froid qui s’abattait sur le Parvis. Il faut croire que comme la misère, la Révolution est plus facile au soleil.

Sans compter les luttes d’égos internes au mouvement : les principes étaient louables sur le papier, mais dans la pratique les AG se transformaient trop souvent en pugilat lorsqu’elles ne sombraient pas dans des discussions incessantes n’aboutissant sur rien.

J’en gardais donc une impression amère, mais tout au moins celle-ci me permit de nouer des relations avec des personnes que je fréquentes toujours.

Au début de cette année, j’avais commencé à m’intéresser aux Maîtres Ignorant. La thèse de ce groupe composé d’ancien Indignés de la Défense est qu’il est possible d’apprendre des choses sans forcément avoir de professeur sachant, uniquement par le dialogue. Cette idée me laissa sceptique, aussi voulu-je voir ce qu’il en était.

* * *

La théorie des maîtres ignorants me laissa tout d’abord sceptique, mais je dois reconnaître que l’application de ces principes, s’ils ne faisaient pas de miracles, n’étaient pas dénuées de résultats. Durant ces sessions, je sentais vraiment l’émergence d’un savoir se cristallisant au sein de la discussion.

Deux sessions en particulier eurent une influence majeures sur la suite de mon année. La première était la rencontre avec une coopérative globale toulousaine s’inspirant d’une expérience barcelonnienne de communauté, la seconde la rencontre avec les membres du Loop, un hackerspace squattant une ancienne caserne parisienne.

J’appris que l’organisation de la coopérative était quelque peu différente de celle des Indignés : les décisions concernant l’organisation ne se prenaient pas après d’interminables discussions durant les AG, mais prise individuellement, et si celles-ci posaient problème on en discutait en AG. La do-icraty : celui qui fait, décide. Et on n’en discute que s’il y a objection radicale par la suite.

Le même principe était en application au Loop.

Évidemment il ne s’agissait de rien de parfait ; mais ce simple principe était plus efficace que ce que j’avais vu auparavant.

Au cours de l’année j’ai recroisé d’anciens Indignés de la Défense, qui tous était d’accord sur ce point : au lieu de s’indigner en parlant de politique, participer au mouvement des hackerspace était beaucoup plus positif pour changer la société.

Du côté de mon boulot, j’étais en intercontrat ; j’avais donc du temps, que j’espérais consacrer à une véritable étude des tiers-lieux parisiens. Le dernier en date que j’ai visité à été La Paillasse, biohackerspace au coeur de Paris.

Il y aurait de passionnantes études comparatives à faire entre ces différents lieux, leur population, leur configuration, propice à déterminer un spectre complet de ce que peuvent être ces lieux alternatifs. Ce qui sera l’objet d’un autre billet.