lundi 29 janvier 2018

J'ai testé pour vous : une conférence sur les cryptomonnaies dans une Hackerhouse.

J'ai testé pour vous : une conférence sur les cryptomonnaies dans une Hackerhouse.


Samedi 27 janvier, donc à la "Coloc de l'enfer", la HackerHouse d'Ivry [Insérer ici une copie d'écran d'un tweet moqueur au-dessus d'une copie d'écran d'une recherche de colocataire]. Leur réputation vient du fait qu'ils "pensent startup, vivent startup, mangent startup", et qu'ils paient 500 euros pour avoir un lit mais pas de vraies chambres.

Je voulais voir cela de mes propres yeux, et l'objet de la conférence ("Become a cyptonomad - from nomad to cryptonomad"), m'intéressait. Surtout, ce que j'y voyais, c'était une méthode pour se faire payer en cryptomonnaies et ne pas payer ses impôts, incluant donc les cryptonomads dans le spectre macronien-libérale des enflures qui disent "pourquoi je paierais la sécu ? Je suis jamais malade". Comme nous allons le voir, ce n'est pas complètement le cas.



Avant la conférence




La conférence était pleine sur Meetup, ce qui m'a obligé à prendre une place payante, les seules restante alors que j'avais eu l'impression de l'avoir déjà prise lorsque j'étais allé sur le site.

Arrivé à la HackerHouse avec une demi-heure d'avance pour pouvoir me placer correctement en cas d'affluence, j'ai découvert que la porte était fermée. J'ai alors zoné vingt minutes à Ivry, me prenant un café, avant d'y retourner.

Bien que 150 personnes avaient pris des billets, au final il a dû y avoir peut-être une trentaine de personnes, principalement des jeunes. L'un d'eux était avenant, et nous avons commencés à discutés, assis sur les chaises alignées en face de l'estrade montée pour l'occasion.

Quelqu'un a demandé pourquoi il y avait un telle engouement pour les cryptomonnaies. Peut-être que c'est parce que les gens en ont marre des monnaies fiduciaires ? Plus pragmatiquement, c'était surtout à cause de la spéculation et des promesses de gains futurs. Et ça restera certainement le cas tant que le système ne serait pas utilisé au quotidien.

J'ai discuté avec un homme qui avait vendu ses bitcoins quand le cours était à 4000 euros, et qui le regrettait. C'est clair que ça doit faire très mal.

J'ai aussi discuté avec un colocataire de la Hackerhouse d'Aubervillier, plutôt orientée dévellopeur. Les avantages qu'il y voyait à ce mode de vie, c'était de vivre avec des gens ayant la même passion que lui, et qui pouvaient l'aider dans son travail, plutôt qu'avec des colocataires qui par exemple se mettraient à faire de la musique à pas d'heures. Lorsque je lui ai dis que 500 euros pour avoir un lit et être à quatre dans une même chambre, c'était tout même cher, il me parla des avantages en terme de service, comme une femme de ménage, la possibilité d'utiliser une machine à laver.

J'ai eu l'impression que les résidents des hackerhouse voient plus ces lieux comme une auberge de jeunesse en coworking que comme une colocation, avec services intégrés.

D'ailleurs, lorsque l'une des résidentes en a parlé avant de présenter la conférence, et les a défini comme simplement "un lit, un bureau, et une bonne ambiance de travail", et que ce lieu est basé sur "le partage et l'entraide, et pousse vers le succès".

Anecdote : le paiement du loyer peut s'effectuer de la main à la main selon celui avec lequel j'ai discuté, et ils ne paient pas l'électricité puisqu'il avait voulu mettre en place une machine de mining, et que le propriétaire avait alors dit que si c'était le cas, ils allaient devoir le faire (ce qui est quand même logique).

Je n'ai pas percuté sur le moment, mais cet évocation d'un propriétaire tout-puissant, qui écrit les certificats de résidence, m'interpelle quand même. Je me demande quel doit être son business model.

Par ailleurs, à celui d'Aubervillier, le turn-over est faible : les gens restent environ un an.

Personnellement même dans mes jeunes années je doute que j'aurais pu supporter un tel mode de vie : il faut vraiment vivre pour son boulot et non bosser pour vivre pour accepter une telle existence, une sorte de hackathon permanent. J'imagine que ce n'est qu'une phase de transition pour les participants, et qu'ils ne feront pas ça toutes leurs vies.





 La conférence : Become a cryptonomad - from nomad to cryptonomad

La conférence, donc, "Become a cyptonomad - from nomad to cryptonomad", par Nicolas Wagner. Ce dernier est un ancien résident de la Hackerhouse d'Aubervillier, et travaille actuellement dans la startup Ethereum Kleros.

Cette présentation lui a été inspirée par un voyage effectuée entre fin septembre et mi-janvier aux Etats-Unis au cours duquelle sa carte de crédit avait été bloqué avant un voyage à Cancun.

Il a rapidement expliqué quelques définition : du nomade au cryptonomad : le nomade du passé s'ancre dans l'idée de pouvoir voyager, de "découvrir les countries", mais aussi de s'enrichir au niveau du dévellopement personnel. Cependant il n'était pas à l'aise avec les outils numérique, et il pouvait même y être réfractaire.

Ce n'est pas le cas du digital nomad actuel : ce dernier maîtrise le numérique et profite des avancées de la technologie pour vivre de façon confortable et bien gagner sa vie tout en restant dans sa zone de confort.

Enfin, le cryptonomad, un digital nomad crypto-enthousiaste, appartient au futur. Il est plus difficile d'être cryptonomad que digital nomad pour le moment parce que l'environnement n'est pas adapté.

Plus spécifiquement, la philosophie du nomade du passé est qu'on peut voyager quasiment sans argent ; si on n'a pas de barrière comme la peur du danger du pays, cela devient facile. Il n'y a que deux choses indispensables pour cela : un passeport, et une façon d'être, l'insight hacking (?! la capacité à s'adapter), en tout cas soigner ses interactions sociales avec les gens, pour par exemple leur taxer des euros, ce qui m'a fait penser aux "begpackers", des touristes blancs qui font la manche en Asie du Sud-Est.

Le digital nomade, maîtrise en plus les outils numériques, et reste en contact tout en se coupant d'une partie des carcans de la société : il est parfaitement possible de gérer son business avec pour seuls outils un smartphone et une connexion internet, comme l'a fait Antoine BM.

Parmi les outils qu'il utilise, il y a d'abord un sac correct (de la marque Nomatic), et des outils allant d'applications pour sélectionner le meilleur réseaux aux chargeurs solaires en passant par des cartes de crédit internationales, des VPN et la liste des hackerhouse où il pourra dormir s'il ne trouve p'Air BnB sur place.

Le cryptonomad est un digital nomad utilisant des cryptomonnaies. Il en existe de plusieurs type : le basic transforme ses cryptomonnaies en monnaies fiat, le flex peut utiliser ses cryptomonnaies et les convertis en passant par des plateformes décentralisées, mais il préfère utiliser ses cryptomonnaies directement dès qu'il le peu. Enfin, le Purist s'efforce de ne plus utiliser les monnaies fiat du tout.

Le conférencier a ensuite dressé la liste des différents outils permettant ce mode de vie, de plateformes de trading aux cartes de débits en cryptomonnaies, en passant par les hot et les cold wallet.

Il a terminé la conférence par quelques conseils pour initier une communauté dans le lieu où l'on se trouve : partir de ce qui existe sur place, que l'on peut trouver grâce à Meetup, Telegram ou des groupes Facebook, choisir le bon partenaire, être disponible pour lui, parler le plus de technologie possible, Il déconseillait par contre de parler de spéculation, ni de se lancer dans les ICO (des gens dont on ne connait pas le travail qui lèvent des millions avec des white-papers moisis, ce qui ressemble quand même la plupart du temps à du scam), et surtout de ne pas s'associer avec des entreprises.

Vinrent ensuite les questions. Le conférencier a alors donné une réponse à une question que j'attendais : l'intérêt qu'il voyait dans le cryptonomadisme était également de pouvoir voyager anonymement, de sorte que même sa banque ne sait pas où il se trouve, et justement il accorde une grande importance à sa vie privée. Il a parler aussi du fait de ne pas contribuer aux "grands groupes", comme justement les banques. C'est en voyageant ainsi que l'on se rends compte à quel point on est dépendant du système actuel.

Je lui ai posé la question de la fiscalité, il a répondu que c'était très compliqué. Il avait envisagé de faire un slide sur ce sujet mais il avait fini par abandonner. En revanche, il a déclaré tout de même être imposable en France et y payer ses impôts, même s'il est payé en Ethereum (sa déclaration d'impôt doit être un bordel sans nom).

Par ailleurs, il était également à fond pour les monnaies locale, puisque c'est bon pour l'écologie. Un des spectateur a parlé des mondes de la monnaie locale et de la cryptomonnaies, qui en fait ne se parlent pas trop, ce qui peut s'expliquer par les différences d'origines politiques entre ces deux projets.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire